Page 14 - Le guide pour les parents - KiVa
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Lorsqu’on demande aux enfants de justifier le harcèlement, ils répondent souvent que la victime « est barbante », se comporte bizarrement avec les autres, « est coincée », qu’elle parle trop, etc. Il est cependant crucial de comprendre que le harcèlement cause toujours du tort, est irrespectueux et que personne ne mérite d’être traité de la sorte. Lorsque le comportement d’autrui nous importune, le plus simple est de le lui dire. Le harceler n’est pas une solution.
Outre les caractéristiques individuelles de chaque enfant, il existe de nombreux facteurs de groupe qui influent sur le harcèlement. On s’attend à ce que la personne qui tient le rôle de harceleur agisse d’une certaine manière. En d’autres termes, lorsqu’une personne agit en accord avec le rôle qui lui a été assigné par le groupe, elle répond aux attentes des autres. Par exemple, en amusant la galerie par ses agissements, le harceleur peut sentir son appartenance au groupe grandir et avoir l’impression qu’il agit conformément aux attentes du groupe. En plus
des attentes du groupe quant au rôle à tenir, le comportement du harceleur est également influencé par les normes pour ou contre le harcèlement instaurées en classe et dans la culture globale de l’école. Il a été constaté que, dans certaines classes ou écoles, les caractéristiques individuelles spécifiques qui augmentent le risque d’être victime de harcèlement ne mènent pas systématiquement à la victimisation. Dans ce cas, le harcèlement peut être la résultante des normes de groupe qui sont en faveur du harcèlement, plutôt que contre. Ainsi, un enfant peut très bien ne pas être harcelé même s’il présente certaines caractéristiques augmentant le risque d’exposition à la victimisation. Les normes qui prévalent au sein du groupe, qu’il s’agisse d’une classe ou d’une école, doivent être prises en compte lorsqu’on essaie de comprendre pourquoi le harcèlement a eu lieu.
Lorsqu’on analyse l’impact qu’a le groupe sur le comportement du harceleur, l’idée n’est pas d’enlever ou de minimiser la responsabilité du harceleur pour ses actes, mais plutôt de considérer le harcèlement comme un phénomène influencé par des facteurs liés à la dynamique de groupe et pas seulement aux caractéristiques individuelles des enfants harceleur et harcelé. Ces questions seront abordées lors des leçons KiVa, mais peuvent également être soulevées à la maison.
  Quelles conséquences pour la victime ? Et pour le harceleur ?
Le harcèlement représente un risque pour le développement et le bien-être tant de la victime que du harceleur. Les enfants qui sont harcelés sont notamment plus déprimés et anxieux que les autres enfants. Ils peuvent avoir peur d’aller à l’école et éprouver des difficultés à faire confiance à autrui.
Si le problème de harcèlement n’est pas résolu, il peut également représenter un problème pour son auteur. Celui-ci peut s’imaginer qu’il peut continuer d’agir de la sorte sans conséquence et se mettre à croire que rabaisser les autres est une bonne manière d’attirer l’attention et de gagner du pouvoir au sein d’un groupe. Dans les cas extrêmes, cela pourra lui amener des problèmes dans sa vie d’adulte, comme des relations interpersonnelles compliquées, une escalade de l’agressivité vers la violence, etc.
Lorsqu’un enfant qui harcèle n’est pas stoppé dans son comportement :
• son attitude et ses croyances face au harcèlement et à la violence deviendront positives ; il adoptera une attitude encore plus irrespectueuse envers les autres et percevra le fait de blesser les autres comme quelque chose d’acceptable, voire d’amusant ;
• il jouera du harcèlement pour maîtriser les situations d’interactions sociales. Pour lui, harceler peut être
valorisant : il reçoit de l’attention, ressent une forme de pouvoir, cela booste sa confiance, voire lui procure du plaisir ;
• d’autre part, il peut se sentir pris au piège s’il n’arrive pas à modifier son comportement et apprendre que personne ne peut l’aider ni l’arrêter.
Les études de suivi et les recherches à long terme montrent que les enfants et les adolescents ne perdent pas nécessairement l’habitude de harceler en grandissant. Un comportement de harcèlement ne cesse donc pas spontanément et les enfants auteurs de harcèlement sont plus souvent susceptibles de devenir des adultes enclins à des comportements agressifs et violents.
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